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Hausse des matières premières ! Pénurie de semi-conducteurs ! Délais d’approvisionnement allongés ! Depuis quelques mois, rien ne va plus dans les approvisionnements des entreprises. Certaines hausses ou pénuries sont momentanées, d’autres vont perdurer beaucoup plus longtemps.

Cela n’est pas sans conséquence sur l’activité des entreprises, leur performance voire leur pérennité. Nous nous rendons compte aujourd’hui comment notre économie, nos entreprises de production ou commerciale sont ultra-dépendantes d’autres pays tels que la Chine par exemple.

Une politique d’achat à repenser pour l’entreprise

Les achats ont longtemps été une fonction support dont la finalité essentielle était d’assurer l’approvisionnement des chaines de production en évitant à tout prix les ruptures d’approvisionnement.

Puis on a réalisé que les achats sont un poste très important, dépassant souvent 50% du chiffre d’affaires et qu’il y avait un gisement important d’économies à réaliser pour améliorer la rentabilité de l’entreprise.

A la fin du XXième, c’est l’euphorie de la « mondialisation heureuse », on délocalise à tout va production et les approvisionnements, qu’importe où et comment sont fabriqués les produits dont on a besoin, du moment que la qualité est acceptable ou que l’on soit capable à grand renfort de publicité de faire accepter cette qualité aux clients.

L’essentiel c’est de réduire à tout prix les coûts au maximum

Réduire les coûts d’approvisionnement encore et encore… Évidemment ces conditions de production ont des coûts cachés induits notamment en matière de pollution, de dégradation du climat, mais ces coûts ne sont pas supportés par l’entreprise… ils n’existent donc pas !

De la même manière d’ailleurs, il faut sans cesse réduire le coût du travail pour être compétitif et on demande des exonérations de charges sociales, des aides sous des formes diverses et variées qui assèchent les finances publiques et conduisent les États à réduire la voilure des services publics (dont l’éducation et la formation). On en voit cruellement les conséquences aujourd’hui dans les hôpitaux (manque de moyens et de personnels) mais aussi avec le manque de main-d’œuvre qualifiée pouvant répondre aux besoins des entreprises par manque de formation.

Mais aujourd’hui, avec la pandémie du covid-19 cela a conduit à mettre des entreprises à l’arrêt avec des conséquences sérieuses pour elles, sans doute beaucoup plus importantes que les avantages cumulés qu’elles avaient obtenus jusqu’à présent.

De manière plus structurelle, notons aussi, les entreprises ont voulu garder des parts de marché en produisant de manière toujours plus efficace en baissant les coûts. Cette augmentation de « l‘efficacité » est passée par la fragmentation des processus productifs, de la chaine de valeur et de l’ultra spécialisation. Les entreprises sont allées s’approvisionner pour certaines composantes de leur production dans différents pays, en s’adressant à un unique fournisseur se mettant ainsi en position de dépendance.

Cela a de fait engendrer une concentration des acteurs que ce soit pour les matières premières ou les produits semi-finis ou intermédiaires ce qui a pour conséquence directe de rendre encore plus dépendant les entreprises aux variations de prix et de volume disponible.

Cela révèle une absence de vision globale à long terme tant au niveau des États que des entreprises ainsi qu’une perception étroite et biaisée de ses intérêts qui se révèle en définitive néfaste pour l’entreprise et l’économie.

Aujourd’hui des entreprises risquent d’avoir une activité très réduite malgré une reprise de la demande car leurs chaines d’approvisionnements à l’autre bout du monde sont perturbées et vont le rester durablement. La performance des entreprises va être détériorée.

Repenser sa stratégie achat

Il devient donc urgent de s’interroger sur la pertinence de ces chaines d’approvisionnements. C’est d’autant plus important que la perception croissante par les citoyens du dérèglement climatique et de ses conséquences sur la vie et la santé de chacun, que ceux-ci deviennent de plus en plus attentifs à l’origine des produits qu’ils consomment et aux conditions de production (conditions de travail, salaires, droits sociaux…).

Enfin sous une forme ou une autre et sans doute assez rapidement les entreprises devront acquitter une taxe carbone qui réduira sensiblement l’intérêt de délocaliser approvisionnement et production à l’autre bout de la planète.

Donc pour sécuriser leurs achats, pour éviter de voir leur image dégradée par les ONG et les consommateurs et en définitive à terme perdre la rente liée à la délocalisation à outrance, les entreprises ont tout intérêt à revoir rapidement leurs stratégies d’approvisionnement et de production afin de répondre aux enjeux de demain.

Si hier la performance d’une entreprise passait par de la délocalisation, il est fort à parier que demain la performance d’une entreprise passera par la relocalisation et la sécurisation de ses approvisionnements.

Chaque fois que c’est possible les entreprises ont donc intérêt à construire des partenariats équitables avec des fournisseurs proches des lieux où elles distribuent leurs produits, ce qui conduit à une mondialisation plus vertueuse, car l’entreprise qui est présente à l’international le restera mais à chaque fois en produisant aux plus près de ses marchés et en sécurisant ses approvisionnements.